Textes perso

Mémoire
dans un faux désert au

Dans un faux désert au
Un navire s’éloigne de
Je l’imagine dans

Le retour, la traversée

Sète, le bateau est à 19h je m’y rends à 12h pour prendre le temps d’appréhender le départs.
Sète, une ville de transition qui devient un lieu de départ. On y reste très peu de temps, parce que l‘on est déjà parti. Je marche et promène mon âme solitaire, le long des quai. J’observe et contemple la vie du port. Sous l’eau, des objets oubliés, abandonnés, j’imagine leurs origines et leurs utilités passées. Odeurs et bruits me sont familiers…
Le navire est un vieux cargo qui tombe souvent en panne et part en dérive.
Embarcation. Il y a essentiellement trois genres de voyageurs: les touristes à la recherche d’exotisme, les nomades dans une quête intellectuelle, spirituelle, ou existentielle. Et les exilés,
entre racine et ancrage.
Deux jours à traverser la méditerranée. Deux jours où le temps pour certain est une croisière méditerranéenne, pour d’autre, le voyage n’est qu’une étape, une contrainte qui retarde l’arrivée de leur retour au source. Et enfin il existe, pour quelques uns, une intemporalité. Deux jours où le temps n’existe pas, où le bateau reliant Tanger/ Sète, se trouve dans un non lieux, un autre monde, un désert bleu où les horizons sont proches, où l’imaginaire prend forme. Mon utopie.
Je regarde ces voyageurs, regardant la mer, le regard ailleurs. Ce moment où ils ne se parlent pas, où ils se déconnectent du monde durant quelques instants pour finalement revenir dans leurs réalités. Un navire au loin s’éloigne, une terre se dessine sur l’horizon, mais la plupart du temps, il y a ce rien, ce vide intemporel.
Deux jours où tout le monde est dans le même bateau, entre l’Europe et l’Afrique, entre deux mondes bien distincts.

L’allée, la traversée

Je suis sur le pont de ce même cargo qui va bientôt prendre le large, il fait nuit. Tanger s’est illuminée et semble nous faire ses adieux comme tous ces visages et ces regards cachés dans l’obscurité. Des regards déchus, dans lesquels se noierait n’importe quel serment, des regard que l’on jette une seul fois dans son existence car derrière ou après, il n’y a plus rien. Certains tentent, en vain de fuir sous les yeux moqueurs des douaniers, aveuglés par ce besoin incessant de partir, ils se jettent à l’eau et tentent l’escalade…je regarde impuissant ce théâtre absurde, qui me suivra le long du trajet. La mer devient autre, se transforme en une puissance destructrice. Je suis à l’arrière du « bateau ( l’)ivre » regardant les écumes éphémères que laisse son passage, ces écumes deviennent lourdes de sens.
Harraga.
Très peu de voyageurs viennent sur le pont.
Attendre.
Plus d’un ne cesse de torturer sa mémoire, ne serait ce que pour se venger d’au moins un complice. Nietzsche.

Partir et laisser les autres.
Choisir de rester sur la rive, regarder l’horizon, imaginer l’Autre Coté, peut-être un ailleurs qui n’existe plus , cette ailleurs serait mon utopie, terre désirée, rêvée. Le littoral cette fine ligne, cette frontière qui sépare la mer de la terre, une terre comme un nouveau territoire, une mer comme séparation de mon autre, comme une profondeur, une terra incognita : ma source d’inspiration ,mes horizons. Complexe cette méditerranée a la mémoire meurtrie, coupable d’être le milieu du monde et la source de nombreux conflits ;se dresse un mur horizontal qui nous impose sa norme. La méditerranée, « berceau de la civilisation, » me semble parfois si petite, si étroite que l’on voudrait la prendre dans ses mains pour la boire jusqu’à la dernière goutte et ne laisser qu’une terre. Une seule terre , continent qui enserrerait en même temps l’Afrique, l’Europe, et l’Asie. Un retour aux origines de notre civilisation signant peut-être une nouvelle humanité. Une utopie que d’ effacer une mer ?.La question centrale de l’avenir du monde est du coté du partage de la culture ,de la connaissance et des savoirs. Ne plus mettre de frontières entre nos cultures. Est-ce une utopie à l’horizon d’une vie que de vouloir changer le monde? L’art a pour fonction de dépasser le monde tel qu’il nous est apparemment donné. L’artiste sur les bords ,observe ,travaille le dessin de son espérance. Son regard interroge cet horizon Je veux faire une révolution avec une utopie.

Je veux réconcilier l’Afrique avec elle-même.

experiment

Je marche, marche, marche.. autour des terres, je pose mes marques. Je quitte un monde pour en chercher un autre. Marche aveugle, en quête de trouver. Marcher pour trouver, c’est chercher ses racines, c’est abandonner le navire.

Le désert,
le vide qui devient vie, le silence qui devient matière.
Le froid me réveille, il fait encore nuit, les étoiles, dont la luminosité presque surnaturelle , éclairent les dunes et guident mes pas. Je me dirige vers les premières montagnes. De grandes ombres qui semblent s’éloigner au fur et à mesure que je me dirige vers elles. Je marche pour combattre le froid. Je marche pour voir, pour trouver et je marche aveugle. Errer dans le désert à la Depardon. La nuit est longue. J’écoute le silence, un sifflement intérieur lointain, qui disparaîtra avec le temps. L’ombre s’agrandit, commence à disparaître. Crépuscule. Autour de moi, des pierres et du sable sont la marque du sol . Les traces d’un renard, trace de vie. Les pierres ?Des fossiles, traces de vie. Ici, le temps signe son empreinte. Quelques rares tiges d’herbes semblent écrire sur le sable des haïkus éphémères. Au pied de la montagne, je contemple les stratifications qui révèlent son âge. Je commence mon ascension et remonte du passé au présent, plus haut serait mon futur .
Rien…Le vide…Je suis au sommet de la montagne. Je veux voir loin, je veux voir derrière. Le besoin de hauteur devient désir de profondeur. Mon obsession devient fascination ; je contemple mes possibles. Je continue ma marche ; cette fois, je marche sur la crête de la montagne. Cette interstice entre le plein et le vide…Errance.

Aveuglé au milieu de nulle part mais éclairé par une incessante recherche. Cette recherche fait partie d’une survie, le désir de vivre. Illusion que de chercher dans cette merde pour vivre ? Plonger mains et pieds, voir le corps entier, dans les restes de notre société dans ce qu’elle rejette, ce qu’elle nous vomit. Aveuglés par le désir de trouver dans ce que nous donnes les égouts. Les égouts et dégoûts du Paradis tissent une absurde archéologie du présent. La noyade est inévitable.
À la mémoire des zombies de Casablanca.

Je n’existe pas sous cette forme.
J’ai entendu parler d’un type qui me ressemble. Obsédé par la volonté de me rencontrer, le désir de me voir dans un autre, m’a poussé à parcourir tous les bars où il était possible de me rencontrer. Malheureusement, c’est lui qui m’a trouvé. Il m’a tué. Ce que je raconte, c’est l’histoire que cette personne, m’a confié avant que je devienne lui .. Cet autre.

Nos paupières nous deviennent des portes dérobées. Closes, elles nous racontent, ouvertes elle donnent sur nous même. Nous sommes les étages de nos souvenirs. Les yeux ne nous appartiennent plus

Table Ronde: dialogue entre archéologie et art contemporain
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